Gala du Binabi première édition 07 avril 2017 à The Villa, Grand-Bigard. Photo © Mayele Pheno
Sarah Kawaya, 26 ans, jeune diplômée de la faculté de droit au sein de l’Université libre de Bruxelles, nous raconte son parcours en tant que membre du Cercle Biso Na Bino. Aujourd’hui juriste au Centre d’Informatique pour la Région Bruxelloise, elle se souvient encore de ses débuts au Binabi. Elle y a en effet, occupé de nombreuses fonctions. D’abord secrétaire puis responsable culture, elle est ensuite devenue cheffe du département communication avant de se voir promue au poste de Présidente durant l’année académique 2016-2017.
Selon toi, quel est le rôle du Binabi ?
« Le Binabi, c’est la plaque tournante de toute une jeunesse intellectuelle dont la caractéristique est sa multiculturalité et le racisme structurel dont elle est et sera victime. Pour être honnête, je pense que le Binabi, en prenant la bonne direction permettra d’acquérir un réseau de personnes diplômées et qualifiées qui entreront dans le monde du travail mais qui auront également été initiées à certaines thématiques. Le Binabi, dans l’idéal, devrait sensibiliser et conscientiser ses membres afin qu’ils soient des intellectuels conscients du système dans lequel ils entreront. Ils doivent comprendre que l’union fait la force, que seul, on ne peut rien faire. Ils doivent pouvoir discuter, se défendre et savoir qu’ils ont une responsabilité envers les générations suivantes. Les alumnis veillent à concrétiser l’idée du réseau et de la responsabilité. Mais, les activités culturelles du Binabi doivent s’inscrire dans cette logique. Il n’y a que comme ça qu’il deviendra fort. Moi, je le vois comme une institution avec des principes et des valeurs panafricaines et citoyennes. Hé, non, j’aime trop ce cercle (rires). »
Que t’a apporté le Binabi, aussi bien sur le plan personnel que sur le plan professionnel ?
« Le Binabi, c’est une grosse love story. J’y ai appris sur moi et sur les gens, tout autant que sur mes valeurs et mes principes. En tant que Présidente, j’ai appris que écouter et valoriser le travail de chacun est important. Mais surtout, j’ai fait tellement de belles rencontres. Et je crois que le plus beau c’est de voir les liens d’amitié qui ont été entretenus grâce au Binabi, de voir les gens s’exprimer et prendre conscience de leurs capacités, de voir une jeunesse stéréotypée montrer au public qu’elle est belle. Je suis un peu romantique quand je parle de ma vision de la communauté et de toutes les possibilités qui s’offrent à nous. L’année passée, j’ai réalisé la force du nombre et j’ai adoré cela.
Sur le plan professionnel, le Binabi t’apprend à t’organiser (en tout cas, si tu joues vraiment le jeu). Tu apprends que la qualité de ton travail est importante pour le groupe. Tu apprends aussi à gérer des réunions, à gérer des personnalités, à gérer les conflits, prendre de la hauteur et ça me sert aujourd’hui dans le monde du travail. Par ailleurs, je reste dans l’associatif et grâce au Binabi j’ai pu avoir la parole à différentes occasions. Maintenant, on m’invite à des conférences pour intervenir sur des questions qui m’importent et ce, grâce au Binabi et à la crédibilité que j’y ai acquise. »
Nous entendons souvent dire que le sexisme est extrêmement présent dans la communauté africaine. En tant que l’une des premières présidentes du cercle africain de l’ULB, qu’as-tu à dire à ce sujet ?
« Le sexisme est dans la communauté parce qu’il est dans la société. Et comme je le disais, il faut avoir l’humilité de se reconnaître comme fruit du système. Le sexisme, c’est le fait des hommes et des femmes. Je ne pense pas qu’il soit plus présent chez les afrodescendants qu’ailleurs. Il est partout, c’est tout et c’est lamentablement décevant (rires). Mais personnellement, au Binabi j’ai quelques anecdotes (rires) : je me rappelle d’un membre du comité qui m’en voulait d’être assise à l’avant de la voiture alors que lui, homme, était à l’arrière … Lorsque j’ai été élue, j’ai entendu que certains disaient que : “ce serait le bordel parce que c’est toujours comme ça quand une femme a du pouvoir”. Mais à côté de ça, je dois dire que la majorité du temps, je n’ai eu aucun problème en tant que Présidente. Personne ne m’a jamais considérée comme moins pertinente que mon Vice-Président chéri ou que mon Trésorier ou autre membre actif, par exemple. Sauf pour la Binabi Cup, le tournoi de football organisé par le cercle, mais ça c’était justifié, je n’y touchais que dalle. »
Quel héritage espères-tu avoir laissé?
J’espère que j’ai contribué à déconstruire les idées reçues sur les femmes et leurs incompétences. J’ai été un peu attristée par certaines paroles le jour de l’assemblé générale du cercle. Entendre dire qu’il est temps que les femmes quittent la présidence du Binabi, c’est comme un échec. J’aurais espéré que personne n’aurait osé dire cela devant moi, devant toutes les femmes qui ont mené les projets du Binabi ainsi que tous les hommes qui ont réussi à oublier qu’on était des femmes. Parce qu’en fait, on était juste des membres actifs qui bossaient dur et obtenaient des résultats dans un groupe composé d’étudiants.
J’espère simplement avoir, au moins, donné l’envie aux gens de continuer à construire notre plaque tournante en étant conscients et critiques tout en investissant dans notre réseau. C’est vraiment le plus important.”
Quelles sont donc, selon toi, les qualités que devrait posséder une personne qui prétend au poste de Président ?
“Sincèrement, l’humilité. Toujours être humble et savoir que l’on est qu’un maillon de la chaîne.
Pour les présidences, je pense que l’écoute et la communication sont les clés. Il est d’autant plus important de s’entourer de personnes honnêtes et volontaires. C’est pas moi mais nous.”
Anadja
Que veux-tu dire par « rien ne se fait seul » et que tout se fait ensemble ? Je suis pas sûr d’avoir compris…
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