La Moïse Noire

Militante, icône, chef militaire… autant de mots pour désigner cette figure historique. Courage, audace, admirable… des adjectifs pour qualifier ses actes. Je parle bien sûr d’Harriet Tubman. Cette femme afro-américaine, née en 1822 en pleine période d’esclavage, portait à l’origine le prénom d’Araminta Ross. Aux côtés de ses neuf frères et sœurs, elle vécut comme esclave jusqu’à ce qu’elle décide de s’enfuir en 1849.

Avant d’évoquer ses accomplissements, il est utile de replacer les événements dans leur contexte historique. Tout commence il y a 400 ans, lorsque les premiers navires négriers arrivèrent en Amérique, transportant plus de 12,5 millions d’Africains. Même si, en 1808, le transport d’esclaves fut interdit, l’esclavage continua. Aux alentours de 1860, une guerre civile éclata entre les abolitionnistes et la confédération pro-esclavagiste. Celle-ci dura trois ans, jusqu’à ce que la proclamation d’émancipation, en 1863, abolisse enfin l’esclavage après 246 années.

Durant cette lutte, de nombreuses figures américaines se battirent pour leurs droits, parmi lesquelles Alexander Augusta, Susie King Taylor, Sojourner Truth, Abraham Galloway et Harriet Tubman.

Les débuts d’Harriet Tubman

Quelles circonstances ont poussé Harriet à s’enfuir ? Comme mentionné plus tôt, Harriet, alors appelée Araminta, était esclave avec ses neuf frères et sœurs et sa mère dans le comté de Dorchester, dans le Maryland. Leur maître, Edward Brodess, avait libéré le père de famille, Rit Ross, mais continuait à exploiter le reste de la famille. De plus, il s’opposait à l’idée de maintenir la famille unie et faisait tout pour la disperser. C’est ainsi qu’Araminta fut envoyée dans une autre ferme à Bucktown, toujours dans le Maryland.

À l’âge de 13 ans, elle fut gravement blessée à la tête par un poids de deux livres. Après cet incident, elle lutta contre la mort pendant une longue période et souffrit de migraines chroniques, de crises d’épilepsie, ainsi que de narcolepsie, qu’elle appelait ses « crises de sommeil ». Elle associait ces manifestations à sa foi et les interprétait comme des messages de Dieu, ce qui renforça sa détermination à libérer d’autres esclaves.

Lorsqu’elle se rétablit, son maître la remit au travail auprès de son père, où elle rencontra son futur mari, John Tubman. À l’âge de 22 ans, après leur mariage, elle prit le prénom Harriet, en hommage à sa mère, et le nom Tubman, celui de son mari.

La fuite vers la liberté

En 1849, le maître d’Harriet, Brodess, se retrouva criblé de dettes et dut vendre des esclaves, dont Harriet et deux de ses frères. C’est alors qu’Harriet décida de poursuivre son rêve de liberté. Elle entreprit un périple de plusieurs jours avec ses deux frères vers la Pennsylvanie, un État qui avait déjà aboli l’esclavage.

Cependant, en cours de route, elle apprit que la femme de Brodess, Eliza, avait signalé leur fuite dans la presse. Par crainte des conséquences, les frères d’Harriet rebroussèrent chemin, mais, elle, décida de continuer seule son voyage. Grâce à l’aide d’abolitionnistes rencontrés sur son chemin, Harriet atteignit enfin sa destination.

En Pennsylvanie, elle rejoignit le mouvement abolitionniste. Après plusieurs années d’échanges et de collecte d’informations sur la « Underground Railroad » (un réseau de refuges tenus par des abolitionnistes dans les États esclavagistes), elle retourna dans le Maryland pour libérer des membres de sa famille et des amis. John Tubman, croyant sa femme morte, s’était remarié et refusait désormais de la suivre.

En 1850, Harriet Tubman se réfugia au Canada, car une nouvelle loi rendait illégal le fait de secourir ou d’aider des esclaves. Malgré cela, elle effectua 19 allers-retours entre les États-Unis et le Canada, libérant une multitude d’esclaves.

Une figure militaire inspirante

En 1857, Tubman libéra ses parents et les installa à Auburn, dans l’État de New York. Elle fit la connaissance de John Brown, un abolitionniste qui n’hésitait pas à exprimer publiquement ses opinions. Ensemble, ils échafaudèrent un plan pour s’emparer d’armes et déclencher une révolte. Malheureusement, Brown fut capturé et pendu pour trahison, meurtre et incitation à la révolte.

Tubman participa ensuite à la guerre civile, d’abord comme infirmière, puis comme cheffe d’un groupe d’espions. Elle organisa également une expédition militaire avec des anciens esclaves intégrés à l’armée, libérant environ 750 esclaves. Elle reste à ce jour reconnue comme la première femme à avoir dirigé une opération militaire américaine.

L’héritage d’Harriet Tubman

Aujourd’hui, Harriet Tubman demeure une icône des droits afro-américains. Son histoire continue d’inspirer des milliers de personnes de sa communauté à se lever contre les injustices qui persistent encore.

Irénéa

Sources :

https://www.history.com/topics/womens-history

https://www.nationalgeographic.fr

https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2019-01-28/harriet-tubman-sera-t-elle-la-premiere-femme-noire-sur-les-billets-de-20-dollar-4fb7c968-40b0-4cf2-bd9e-d3ca141cd08d

https://fr.dreamstime.com/illustration-stock-new-york-pennsylvanie-new-jersey-carte-l-du-delaware-du-maryland-image85346461

https://www.lecho.be/economie-politique/international/usa/il-y-a-400-ans-debutait-l-esclavage-aux-etats-unis/10155728.html

https://www.tripadvisor.ca/Attraction_Review-g41038-d7146835-Reviews-Harriet_Tubman_Birthplace_Marker-Cambridge_Maryland.html

https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fwww.pinterest.com%2Fpin%2Fmap-of-the-harriet-tubmans-underground-railroad–445645325640325157%2F&psig=AOvVaw1gjQt16SUp1ZSbga2bxSkP&ust=1732640596991000&source=images&cd=vfe&opi=89978449&ved=0CAMQjB1qFwoTCPjs-a3794kDFQAAAAAdAAAAABAE

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