QUEL AVENIR POUR LE PANAFRICANISME ?

Le panafricanisme est un mouvement qui a vu le jour dans la diaspora africaine d’Amérique. Confrontée aux discriminations, cette diaspora s’était mise à penser sur les voies et moyens d’y remédier. Les deux grands leaders du panafricanisme à la fin du 20ème siècle furent Web Dubois et Marcus Garvey. Tous souhaitaient une solidarité au niveau mondial entre toutes les populations noires face au racisme et discriminations, mais également la naissance d’un État réunissant tous les territoires africains. 

Dubois au lendemain de la première guerre mondiale (1919), avait sollicité aux vainqueurs de l’Allemagne qu’on puisse donner l’indépendance des colonies arrachées à l’Allemagne et laisser leur gestion aux africains. Malheureusement, il n’avait rien derrière. C’est-à-dire qu’il n’était pas fort pour défendre l’Afrique. Ses requêtes furent ignorées. Dubois, contrairement à Garvey, croyait en l’intégration des noirs en Amérique. Pour ce dernier, les afro-américains, au même titre que les immigrés Européens d’Amérique, étaient américains. Vers la fin de sa vie, il connaîtra des ennuis avec l’Etat américain et finira ses jours au Ghana. Quant à Marcus Garvey, qui avait créé l’UNIA, plus grande organisation du monde regroupant les afrodescendants, il connaîtra également des ennuis. Il sera condamné pour un détournement monté, libéré puis finira ses jours au Royaume-Uni. 

Comme nous le remarquons, les deux leaders dont l’un était considéré comme radical par les autorités américaines (Garvey), l’autre comme modéré (Dubois), ont fini leurs jours de la même manière. Garvey ne croyait pas en une cohabitation entre noirs et immigrés européens d’Amérique. Pour ce dernier, il fallait un État noir en Afrique, qui réunirait tous les afrodescendants qui étaient appelés à retourner vers leurs pays d’origine, vers l’Afrique. 

Le sort qu’avait connu Garvey et Dubois et semblable aux sorts qu’ont connu Malcolm X (jugé de radical, et dont le père était un pasteur Garveyiste) et Martin Luther King (modéré et pasteur d’Église). Tous deux ont fini assassinés. Jusque-là, nous remarquons que le panafricanisme a souvent été une histoire très ancrée dans les diasporas afrodescendantes et non sur le continent africain. 

Un étudiant ghanéen qui, lors de son séjour d’études en Amérique, découvrira les œuvres de Web Dubois et Marcus Garvey, sera le premier qui tentera d’appliquer concrètement le panafricanisme politique, c’est-à-dire, l’union de tous les territoires africains en un État. Il s’agit de Kwame Nkrumah, qui par ailleurs, avait accueilli Web Dubois au Ghana. Une fois devenu président du Ghana, il tentera au début des années 60 de proposer les États-Unis d’Afrique aux territoires nouvellement indépendants. Pour ce dernier, il fallait directement aller aux États-Unis d’Afrique, car plus le temps passait, plus sa réalisation deviendrait difficile. Ce point de vue était partagé également par Cheikh Anta Diop. Cependant, les chefs d’Etat, jaloux de leurs « indépendances », et surtout dépendants des puissances étrangères, rejetteront la proposition de Nkrumah. Ils proposeront une union graduelle (c’est-à-dire par région) qui devrait se terminer par une union continentale. 

L’idée proposée par Nkrumah a donné naissance à l’actuelle Union africaine, et les États-Unis d’Afrique sont loin d’être une réalité. Cette idée souvent portée par les élites n’a jamais atteint les masses populaires africaines. La dernière tentative d’unification africaine est celle de Kadhafi qui, ayant remarqué son incapacité à unifier tous les états arabes en une fédération, se tournera vers le panafricanisme. Afin d’atteindre les masses populaires africaines, il créera un forum regroupant les chefs traditionnels et leaders religieux africains en 2008. Trois années plus tard, soit en 2011, il sera assassiné. 

Quel avenir pour le panafricanisme ? L’idée, pour plusieurs, est que la naissance d’un État panafricain puissant en Afrique pourrait être bénéfique pour tous les afrodescendants à travers le monde car cet État viendra au secours de tous les afrodescendants du monde lorsqu’ils seront persécutés. Mais pour que cela soit réalisable, les populations doivent être sensibilisées. Pour ce faire, tous les afrodescendants, ceux ayant une audience ou pas doivent prêcher le panafricanisme d’abord en Afrique, en commençant par les politiques, les chefs traditionnels, les leaders religieux, les personnalités publiques (dans les domaines de la musique, du football, du cinéma, etc.), … Une fois les populations atteintes (le panafricanisme de cœur), alors il pourra avoir un espoir pour le panafricanisme des États, c’est-à-dire leur union en une structure fédérale.

Jean-louis

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