Wakanda Forever : Réveil communautaire ou simple somnambulisme ?

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Affiche Marvel Black Panther, 2018. Crédit photo: Marvel Studio dans Kinepolis.

Le 14 février, sortait dans nos salles un film attendu depuis des années par les fans de Marvel mais pas que : le désormais célèbre Black Panther. De peur de spoiler le peu de personnes qui n’auraient pas encore vu ce chef d’œuvre, nous n’entrerons pas dans les détails de l’Histoire mais nous allons plutôt nous attarder sur les raisons de l’engouement qu’il a causé au sein de la communauté noire en particulier.

Économie communautaire, analogies historiques, afro féminisme, panafricanisme et autres thèmes abordés sur fond de blockbuster hollywoodien. Beaucoup de personnes ont vécu leur première fois dans cette salle de cinéma le 14 février dernier. Pour la plupart des afro descendants présents, c’était la première fois qu’ils se sentaient aussi représentés et surtout, qu’ils se sentaient représentés de manière positive.

Entendre un accent « africain » qui ne serait pas moqué. S’extasier devant des cheveux naturels – non-traités chimiquement – soumis à aucune néocolonisation capillaire. Contempler une Afrique puissante qu’on a bien trop eu l’habitude de regarder à travers des yeux paternalistes ne s’axant que sur les famines, guerres et autres maux. Tout simplement admirer des femmes et hommes noirs qui ne seraient pas réduits à des rôles secondaires et stéréotypés. Certaines personnes ne pensaient pas voir cela de leur vivant.

L’explosion des marques de cosmétique créées pour des teintes plus foncées, des produits capillaires pensés pour des cheveux crépus, des divertissements insérant des personnages noirs importants font que toute une génération grandira avec le sentiment d’être de moins en moins laissé pour compte.

Un sentiment de justice inespéré et attendu par tous ces enfants de Malcolm X à qui on avait dit qu’ « être avocat n’était pas fait pour les Noirs », de Dorothy Dandridge qui un jour dit qu’  » elle pourrait conquérir le monde si elle était blanche  » , de Nina Simone qu’on refusa de l’institut de musique Curtis de Philadelphie « parce qu’elle était noire » et de tous ces hommes et femmes qu’on a un jour instrumentalisé « parce qu’il fallait quelques noirs pour rentrer dans les quotas mais pas trop sinon ça en aurait fait un film qui ne s’adresse qu’à un certain public ».

Cela en dit long sur le manque de représentation ressenti par une grande partie de la population mais la réaction de certaines personnes non-noires prétendant à des agressions commises par des noirs – aujourd’hui démenties  – à la sortie des séances de visionnage de Black Panther est révélateur d’un problème de société beaucoup plus général,  tout comme la promotion en termes d’affiches dans l’espace public belge, moindre par rapport à tous les autres Marvel. Pourquoi ce traitement différencié ?

Comme diraient Éric et Ramzy, « Quand deux noirs se réunissent, on parle de communautarisme. Quand deux blancs se réunissent, on dit qu’ils prennent l’apéro sur une terrasse. »

Ce qui est certain, c’est que Black Panther, pris isolément du phénomène, est un excellent film qui a le mérite de nous faire réfléchir grâce à des répliques pertinentes en plus de nous amuser grâce à des personnages haut en couleur représentant dignement la Terre mère.

Il ne reste plus qu’à espérer que l’éveil des consciences provoqué par le mode de vie des habitants du Wakanda ne soit pas passager et que nous donnions tous un sens à ces mots que l’on a pu lire partout sur les réseaux sociaux : Wakanda Forever.

Anadja 

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