Les rappeurs bruxellois sont à l’honneur en ce moment et celui que nous avons interviewé ne déroge pas à la règle. Rappeur montant de la scène bruxelloise, auteur de la mixtape « Intercours » et notamment du morceau « Hermano » ; le Binakuko va à la rencontre de Percy.
Pourquoi avez-vous décidé d’appeler votre mixtape « Intercours » ?
« « Intercours » représente le temps qui sépare deux cours que l’on a durant une journée académique. C’est une métaphore que j’aime beaucoup étant donné que je suis étudiant, au sens propre, mais également élève, au sens figuré, de l’école de la vie. Je trouve que ce titre correspondait parfaitement à Percy l’artiste et Percy l’homme. De plus, c’est aussi une manière de dire que j’ai vécu toute une série de choses durant une certaine période de ma vie et j’ai écrit ce projet durant le temps que sépare le prochain cours que la vie me donnera. »
Cette mixtape confond les genres et surprend. Comment décririez-vous votre style musical ? Qu’est-ce qui fait qu’une sonorité vous ressemble, vous parle et une pas du tout ?
« C’est une question qui m’étonne toujours parce que pour moi la musique est un tout. Si je dois répondre, je dirais que mon style musical c’est la musique tout court parce que mes bases sont rap mais il y a eu tellement de métissage musical qu’à l’heure actuelle, définir le « rap » serait presque obsolète tellement les choses ont évolué, les genres se sont mélangés.
Les sonorités qui me parlent sont souvent celles qui provoquent en moi une certaine émotion. Pour moi, chaque composition a une âme et cherche son âme sœur à travers l’écriture. Mon style musical est comme une peinture, une fresque avec plusieurs couleurs et plusieurs tons qui forment un tableau. »
Le premier clip de votre mixtape “Hermano” est particulièrement réussi ! Le visuel est-il un facteur important pour votre musique ou trouvez-vous regrettable que l’image prenne parfois le pas sur le son de nos jours ?
« Aujourd’hui, je dirais que le visuel occupe 60% de la réussite d’un artiste. La musique est super importante aussi mais passe de plus en plus au second plan. Pour moi, le visuel c’est super important, je peux prendre des heures et des jours à préparer une scène d’un clip ou un simple shooting photo. C’est la première chose qu’un potentiel auditeur va voir avant d’écouter. C’est comme pour un film, si l’affiche n’est pas belle et que la bande d’annonce est nulle, ça donne pas envie d’aller le voir.
Regrettable, je ne sais pas… Je pense que ça fait partie de l’évolution des choses. Aujourd’hui, les gens consomment plus sur internet qu’autre chose. Du coup, les exigences se sont adaptées à ce mode de fonctionnement, l’industrie du disque aussi. »
On reproche souvent aux rappeurs lorsqu’ils « sortent » du rap, de s’être perdus, d’avoir renié leurs « origines », de s’être vendus. Qu’en pensez-vous ?
« Je pense que les gens qui tiennent ce discours sont souvent ceux qui découvrent et apprécient un artiste dans un certain style et ont du mal à accepter son évolution artistique par la suite. Pour moi, c’est logique, un artiste est voué à évoluer avec le temps. La musique est dynamique, elle bouge tout le temps. Les sonorités d’aujourd’hui ne sont pas celles d’il y’a 3 ans par exemple, c’est très différent. »
Quelles sont vos plus grandes inspirations musicales ?
« Mes grandes inspirations restent fortement imprégnées de la culture américaine comme Kanye West, Lil Wayne et 50 Cent mais également Booba qui reste une icône dans le milieu.
Quand je ponds un texte, c’est souvent par rapport à ma vie, mon vécu, mon ressenti sur certaines choses. Ça part souvent de ce que je vois mais l’inspiration est partout. »
De nombreuses personnalités publiques émergentes, que ce soit dans le milieu musical ou autres, s’expriment fréquemment sur le fait qu’être belge plutôt que français freine leur ascension. Qu’en pensez-vous?
« Le problème n’est pas lié au fait d’être belge mais plutôt au fait qu’au sein de la Belgique elle-même, c’est compliqué d’émerger. Les institutions peu existantes et très sectaires freinent pas mal d’artistes locaux dans leur émergence au sein de leur propre pays.
Cependant, aujourd’hui à l’échelle internationale, être un artiste belge donne une certaine crédibilité mais c’est paradoxalement au sein de la Belgique elle-même qu’il y a un cruel manque de considération. »
Vous avez eu la chance de jouer dans votre pays d’origine, c’était important personnellement ? Est-ce un tournant, un événement marquant de votre carrière ?
« Oui, c’était clairement quelque chose de marquant surtout au niveau personnel parce que je pensais pas forcément faire ça un jour.
Au niveau de ma carrière aussi parce que c’était un événement qui m’a montré une certaine reconnaissance de ma musique à l’échelle internationale. C’est très important parce que ça m’a montré que ma musique est très appréciée à l’étranger aussi et surtout gratifiée. »
Vous vous êtes produit en France, en Belgique, au Congo… Les événements heureux s’enchaînent pour vous. Aviez-vous une telle confiance en vos capacités artistiques depuis tout petit ? Qu’aimeriez-vous dire à tous ceux qui aimeraient se lancer mais n’osent pas ?
« Je pense que c’est avant tout du travail donc je vais travailler encore plus pour réaliser des showcases à l’étranger. Ça fait partie d’un de mes objectifs donc je compte l’atteindre en travaillant pour.
Pour la confiance, non. Au départ, j’en avais pas beaucoup mais au fur et à mesure des projets et des retours du public, j’en ai pris de plus en plus surtout à travers la scène.
Mais à défaut d’avoir de la confiance, j’ai toujours eu de la détermination depuis tout petit (rires). Quand je me fixe un objectif, j’arrête pas tant que je l’ai pas atteint, peu importe le temps que ça me prend.
J’ai pas vraiment de conseils à donner étant encore en développement mais je dirais qu’il faut savoir pourquoi on le fait et surtout aimer la musique avant tout. L’amour de la musique c’est contagieux et c’est comme ça qu’on communique avec son public selon moi. »
Anadja
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