« Africa 2020 est une invitation à regarder et comprendre le monde d’un point de vue africain » – N’Goné Fall
L’Afrique est souvent racontée par les autres et pas assez par les principaux concernés. Cela pose un problème car cette vision est souvent partielle, biaisée ou tout simplement pas fidèle à la réalité du continent. Ainsi, pour donner la parole aux Africains, le projet Africa 2020 a été lancé. Ce projet est mis en place en collaboration avec le gouvernement français pour permettre au continent africain de s’exprimer lui-même. Afin de mener le projet à bien, une commissaire générale a été choisie : il s’agit de N’Goné Fall. C’est une femme sénégalaise, auteure, chercheuse, consultante en ingénierie culturelle, professeure. Elle a également été la directrice de la rédaction de la Revue Noire pendant 5 ans. Elle s’est entourée d’experts sectoriels des 4 coins du continent et de sa diaspora afin d’avoir toutes les réalités autour de la table car il s’agit d’un événement panafricain réunissant les 54 pays.
Le but de l’événement Africa 2020 n’est pas de se concentrer uniquement sur la culture du continent mais aussi à différents domaines tels que les sciences, les technologies et les arts. Et cela afin de ne pas voir l’Afrique qu’à travers sa culture, qui de toute façon, est très plurielle.
Cinq thèmes rythmeront donc Africa 2020. Tout d’abord, l’oralité augmentée qui cible les communications en tout genre et ce, depuis des siècles. Et pour ce qui concerne notre époque, on va plutôt viser tout ce qui est du ressort de la télévision, la radio, le cinéma et la musique. En plus de cela, étant donné que nous vivons dans une ère très connectée et numérisée à travers les différents réseaux sociaux, l’oralité impliquant ces médias sera aussi abordée.
Le deuxième thème concerne l’économie et la fabulation. En effet, le continent bénéficie d’une économie informelle qui ne transite pas à travers les États car les expatriés africains contribuent énormément à l’économie.
Ensuite, l’archivage d’Histoires Imaginaires constitue le troisième thème. Et on se posera là la question du lien de nos histoires personnelles, familiales, nationales et continentales avec l’Histoire du monde. Comment la mémoire du passé a-t-elle été transmise et comment notre histoire à nous sera-t-elle transmise ? La complexité de la transmission de notre histoire se trouve dans notre siècle même, que révéleront les milliards de traces que nous laissons tous les jours à travers nos vidéos, photos, messages instantanés et nos réseaux sociaux ?
Le thème de la fiction et des mouvements (non) autorisés sera aussi mis sur la table. Actuellement, il est très facile de voyager dans le monde mais encore faut-il avoir le bon passeport. Un voyageur d’origine française n’aura besoin que de 4 visas pour circuler en Afrique tandis qu’un Kényan aura besoin de 35 visas pour circuler dans son propre continent.
Et pour finir, le dernier thème abordera les systèmes de désobéissance. Ces systèmes font référence aux différents types d’engagements. L’engagement implique plein de paramètres : doit-il être violent ou pacifiste ? Faut-il mettre l’intérêt collectif devant notre intérêt personnel ? Et qu’est-ce que l’engament finalement ?
Ces thèmes seront abordés à travers différents projets qui auront lieu sur tout le territoire français. Des réponses (non figées) seront apportées à ces différentes questions. Ces interrogations concernent l’Afrique et de ce fait, les réponses privilégieront un regard africain. Ces réflexions seront émises par des centaines de projets dans l’Hexagone. Ces projets seront très variés et iront de la projection de films à l’organisation d’un festival de musique ou à des master-classes, ateliers créatifs et bien d’autres.
La saison Africa 2020 sera l’occasion d’ouvrir une porte à des réflexions portées, qui ont été laissées au second plan, par les Africains eux-mêmes. Cet événement devrait constituer l’outil pédagogique nécessaire pour les années qui suivront car ce projet a une vision à long terme. Le coup d’envoi de cet événement de 6 mois devait être donné au moins de juin 2020 mais au vu des circonstances, il a été reporté pour la fin de l’année 2020 voire pour le printemps 2021.
Leïla Koumai
Crédit image : https://afrique.lalibre.be/app/uploads/2020/03/Africa-2020-affiche-horizon.jpg
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