« Nous ne sommes pas à vendre »

Libye

Manifestation contre l’esclavage en Libye 25/11/2017 à Bruxelles. Crédit photo : DC Racin

 

« En Libye, nous ne sommes que des esclaves »

Des passeurs libyens présentent, sur des images obtenues par les équipes de CNN et depuis lors relayées sur les réseaux sociaux ainsi que dans les médias, la « marchandise ». Des migrants venus d’Afrique sub- saharienne, vendus aux enchères. Des hommes noirs, en file indienne, attendant qu’un prix pour leur corps soit fixé. Attendant de connaître la valeur de leur vie. Deux sont finalement achetés pour 800 dollars.

Chaque année, des dizaines de milliers de personnes traversent la frontière libyenne, au péril de leur vie, pour atteindre l’Europe. Laissant famille et maisons, ces hommes et femmes tentent la traversée. La plupart ont vendu l’entièreté de leurs biens pour financer un voyage à travers la Libye jusqu’à la côte pour ensuite traverser la Méditerranée. Combien sont morts en voulant atteindre l’Europe? Pourquoi partent-ils?

Certaines voix s’élèvent et tendent de responsabiliser les victimes car ils s’aventurent sur des lieux qui sont/seront mortels. Il est nécessaire de préciser que la situation des réfugiés d’Afrique subsaharienne corrèle avec les contextes politico-économiques de leurs pays (Niger, Sénégal, Tchad, Mali, Cameroun, Ghana, Somalie, Soudan, Centrafrique …). C’est bien à cause du manque de perspective d’avenir sur place que ces hommes, femmes entreprennent ce périlleux périple. Si la défaillance de l’Etat libyen est attestée, nous pouvons certainement en dire autant du Sud-Soudan, de la Somalie, voire de la Centrafrique par exemple.

Le président Emmanuel Macron a demandé, mercredi 22/11/17, une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies pour aborder la question de ces ventes qu’il qualifie de « crimes contre l’Humanité ». Pourtant, l’Union Européenne forme depuis un an les gardes-côtes libyens et les aide pour intercepter les bateaux de migrants avant qu’ils n’atteignent les eaux internationales. Leur objectif étant d’éviter à tout prix leur arrivée sur le continent. Dénoncer les conséquences tout en ayant des responsabilités quant aux causes c’est jouer un double jeu dangereux.

Qu’il est beau ce continent… Il a beau voter des lois, brandir le droit, revendiquer la démocratie et chanter la fraternité, l’ivresse de la domination, le mépris de l’autre et la préférence de soi ne l’ont guère quitté.

« Libérez l’Afrique »

Tel était un des slogans proclamé lors du sit-in organisé à Bruxelles ce 25/11/17 à la Place Poelaert. Nous y étions. Ne laissez-pas l’image véhiculée par les médias vous méprendre sur le déroulement de ce rassemblement pacifiste. Une minorité uniquement était à l’origine des violences.

Nous avons scandé notre indignation sous une forte présence policière. Nous avons clamé notre indignation. Toutefois, nous savons également que la convergence des luttes n’est qu’une illusion. Beaucoup étaient Charlie hier, mais ne se sentent pas concernés par la lutte contre l’esclavage aujourd’hui. L’esclavage étant un crime contre l’Humanité, quelle pourrait être la raison de leur non-inclusion?

La position influencée des médias, des intellectuels, et des hommes politiques témoigne d’une habitude de la communauté internationale, y compris les Africains eux-mêmes, à ne pas défendre les intérêts du Continent. Le mutisme et l’immobilisme des chefs d’Etats, légitiment et favorisent cette traite négrière moderne.

Le temps est venu pour la jeunesse, notamment celle de la diaspora, de se responsabiliser. Levons-nous. Maintenant. Pour nos causes, et pas en comparaison.

 

Lukando

 

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