Derrière le phénomène bruxellois “Femme Ébène”, connue sur YouTube, Facebook et autres réseaux sociaux pour sa personnalité joviale, ses sages conseils et son humour bien particulier, se cache Fifi Kamagate, une jeune femme d’origine ivoirienne d’à peine 20 ans.
L’idée de créer votre chaîne ne vient en réalité pas de vous, n’est-ce pas?
« En effet, j’ai été poussée à créer une page/chaîne par les personnes qui me suivaient de plus en plus sur mon compte Snapchat. Et, si j’étais aussi active sur ce réseau social, c’était pour moi un moyen de supporter la vie car je m’ennuyais terriblement et j’étais triste par rapport à beaucoup de choses. J’ai ressenti ce besoin de partager, juste partager. Peu importe ce que j’avais à dire, ce besoin de partage m’a permis d’avoir le “succès” que je connais aujourd’hui sur les réseaux sociaux. »
Nous sommes à une époque où il est devenu “banal” de lancer sa chaîne YouTube. Il devient de plus en plus compliqué de se faire remarquer. Et pourtant, vous avez su émerger. À votre avis, qu’est-ce qui a fait la différence ? Quelle est la recette “Femme Ébène” ?
« (Rires) Il n’y a pas réellement de recette “Femme Ébène”. Mais, si je devais vous dire de quoi je me suis armée pour former la “Femme Ébène” que vous voyez au travers des réseaux, je vous parlerai de mes peines, de mon courage et de mon humour avec lesquels j’ai fait un cocktail. C’est ce dernier que je sers à mes abonnés. Et le cocktail est douuuuux ! A mon humble avis, si j’ai su faire la différence c’est parce que j’ai su trouver la force de dire les choses que les autres n’osaient pas, avec humour mais avec la conviction que l’on peut lire dans mes yeux. Je reflète l’image d’une femme forte et les gens aiment ça ! »
Est-ce que vous pensez que le fait d’être une youtubeuse belge freine plus votre ascension que si vous étiez une youtubeuse française ? Ou au contraire, qu’elle l’accélère ?
« À vrai dire, la majorité des gens qui me suivent, lorsqu’ils me croisent, me posent toujours la même question : “ Tu ne vis pas en France ?!”
Les gens s’imaginent que je vis là-bas car la plupart des youtubeuses sont françaises. Je ne dirai pas que le fait de vivre en Belgique freine mon ascension car les retours positifs, j’en ai. Mais, il est vrai que je rate beaucoup d’opportunités car celles-ci se trouvent souvent en France (ou ailleurs) et il est difficile pour moi de m’y rendre pour honorer chaque rendez-vous. »
Vos « storytime » démontrent une maturité déconcertante. D’où diriez-vous qu’elle vous vient ?
« Cette question me revient très souvent. Je dois, sans doute, cette maturité à mon vécu. Il est vrai que je suis jeune, mais j’en ai vu des choses et croyez-moi, j’ai dû grandir plus vite que prévu ! J’ai eu quelques déceptions amoureuses / familiales dont j’ai eu énormément de mal à me remettre. J’ai entendu et vu les gens que j’aime vivre des situations extrêmement difficiles. Je suis une personne très attentive, ce qui fait de moi quelqu’un qui assimile vite les choses. Je le dis souvent, il ne faut pas avoir un bac +5 pour savoir que si quelqu’un te gifle, il y a un problème ! C’est ainsi que j’arrive à traiter avec autant de discernement les sujets de la vie. J’ai toujours été un pilier et une oreille attentive pour les personnes de mon entourage. Alors je sais que lorsque je parle, j’ai un impact sur la / les personnes en face de moi. Et c’est tout ça qui me fait grandir un peu plus chaque jour. »
En ce qui concerne vos défauts, vous reconnaissez être susceptible. N’aviez-vous pas peur des critiques négatives, voire méchantes, que vous auriez pu recevoir ?
« Avec le temps on s’y fait. Je suis susceptible c’est vrai mais je sais aussi ce que je vaux. Alors oui souvent, j’ai peur et je redoute les retours que je pourrais avoir. Mais ressentir de la peur c’est normal. Ce qui compte c’est la manière dont on la surmonte. Je me dis que si je suis fière de mon travail et même si je suis la seule à en être fière, c’est suffisant. Les personnes censées ne sont pas méchantes gratuitement, elles s’expliquent. A l’heure actuelle, la méchanceté gratuite que je reçois ne vaut pas le tiers de l’amour que j’ai en retour. Donc je ne calcule même plus et j’évolue ! »
Après votre vidéo ayant aujourd’hui le plus de vues, « Le poids des complexes », on a eu affaire à un engouement extrêmement impressionnant. Vous y abordez le fait que plus jeune, vous étiez complexée par votre peau que vous pensiez trop noire. Est-ce que vous étiez préparée à ce que votre vidéo prenne une telle ampleur ?
« Je n’étais vraiment pas prête à ce que ma vidéo sur le poids des complexes prenne une telle ampleur. Et pour la petite anecdote, je ne voulais pas la mettre en ligne après l’avoir éditée, je la trouvais nulle et je me disais “de toute façon, qui s’en préoccupe ?” Et mon meilleur ami m’a dit “Fifi, poste-la. Tu aideras énormément de tes sœurs”. Et aujourd’hui, grâce à elle, la Fifi Mania est officiellement lancée ! »
Beaucoup de femmes, se sont identifiées à vous après cette vidéo. Certaines vous prennent en modèle, acceptez-vous complètement ce rôle ? Le revendiquez-vous?
« J’apprécie particulièrement ce rôle de leader, de grande sœur que beaucoup de mes abonnées m’attribuent car je me bats pour elles un peu plus chaque jour, pour qu’elles soient au meilleur d’elles-mêmes. Mais parfois, je me sens surestimée. Certaines filles sont presque en larmes quand elles me croisent. Je reçois des messages de remerciements et de bénédictions à n’en plus finir. Parfois, je reçois tellement que je me demande si je le mérite. Je pars du principe qu’en dehors des vidéos, le matin je suis debout comme tout le monde pour aller en cours. J’ai appris à être humble donc parfois c’est trop pour moi mais je ne les remercierai jamais assez pour tout leur amour. »
Anadja
Super article !
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