Dans ce refrain dont on se souvient tous, Alicia Keys nous l’a assuré : rien n’est impossible dans la jungle urbaine qu’est New-York, cette fameuse ville qui serait la quintessence même du rêve américain. Le rêve américain… Ce conte de fées raconté par des femmes et hommes arrivés dans la grosse pomme avec 23$ en poche et devenus millionnaires grâce à leurs ambition et travail acharné. Qu’en pense Prince Carneiro ? Ce jeune homme d’à peine 23ans, issu d’un métissage angolais-congolais, est parti s’installer à New-York afin d’y entamer des études et y est devenu mannequin. Entre défilés, couvertures de magazines et autres partenariats, le Binakuko s’immisce dans son quotidien et vous livre tous les détails.
Comment a commencé votre parcours dans le mannequinat ?
C’est une histoire marrante. J’avais 19ans, je rendais visite à mon père au Portugal et j’y avais un ami qui travaillait pour un magazine. Pendant mon séjour à Lisbonne, il m’a contacté pour me demander si ça m’intéressait de participer à un édito. Je me suis dit « Cool, pourquoi pas essayer ? » Donc tout a commencé là. Après avoir été publié, j’étais vraiment surpris que ça m’arrive. Mais je ne prenais toujours pas l’aventure au sérieux. Je ne pouvais plus rester au Portugal, j’ai dû aller vivre à New-York et j’ai tout abandonné. Mais je crois que c’était le destin… Parce que quand je suis arrivé à New-York, j’étais pas sûr de continuer. 9mois après mon emménagement, j’ai été contacté par un agent qui m’avait repéré sur http://www.models.com. J’y suis allé, ils m’ont signé et tout a commencé ce jour-là.
Depuis, avec quels magazines (et marques) avez-vous travaillés ?
Depuis 2016, avec Surface Models Management, j’ai pu figurer dans le Lewis Magazine qui est dans le Top 5 Magazines à Londres. J’ai eu ma première couverture l’an passé avec Volant Magazine. J’ai travaillé avec Feroce Magazine, avec Vogue Italia et ma publication dans le GQ Magazine est prévue pour le mois prochain. J’ai défilé deux fois à la New-York Fashion Week. Une fois pour Christian Beener, l’autre, pour Reebok. Je suis leur ambassadeur à New-York. Cette saison, je vais défiler pour eux et d’autres marques.
Quelles ont été vos plus grandes difficultés dans le milieu de la mode ?
J’ai dû apprendre à continuer malgré les critiques de l’industrie, à ne pas prendre trop à cœur ce que les clients pensent de moi. Le plus difficile, c’était le racisme. Apprendre à ne pas se soucier de tout ce que certains clients disent parce que c’est pas facile pour une personne qui commence. Les injures, les surnoms… Une fois, mon agent m’a envoyé à un casting. Sur la porte, il y avait écrit ‘No black’. J’étais confus. Ce que je déteste dans l’industrie, c’est qu’une partie des directeurs de casting Noirs se sont fait laver le cerveau. Au casting d’une compagnie connue internationalement dont je tairai le nom, le directeur de casting était raciste et était… Noir.
Quels sont les avantages d’être dans l’industrie de la mode ?
Les avantages ? Oh mon Dieu, le style de vie ! On me traite comme un prince, je vis un rêve. Je côtoie des gens que je ne voyais qu’à la télé, de véritables stars. Je rencontre pas mal d’autres mannequins et je défile avec des vêtements qui coûtent plus que je ne saurais compter.
Pensez-vous que le fait d’être Africain et pas Afro-américain vous sert ou vous pénalise dans le milieu à New-York ?
Très bonne question. Être afro-américain, ça ne dit rien ici ! Ça m’aide d’être Noir, d’être Africain, d’avoir vécu en Afrique. Victoria’s Secret, Gucci, Luis Vuitton et d’autres utilisent des Africains maintenant et ce changement fait plaisir.
Selon votre expérience, le dictat de la beauté occidentale aux traits fins a perdu de sa superbe ces dernières années ou est-ce un mythe des réseaux sociaux ?
Je pourrais dire que ça a un peu perdu de sa superbe depuis un moment mais depuis que certains Noirs Africains sont apparus dans le business, les Afro-américains pensent que les beautés africaines volent leurs opportunités. Il y a des polémiques, de la jalousie. Je pense qu’il y a de la place pour tout le monde mais ça dépend de toi, de ce que tu ramènes sur la table. Ici, les opportunités sont accessibles à ceux qui sont affamés et remplis d’ambition.
Pensez-vous qu’il est plus facile de réussir dans la mode à New-York, et aux États-Unis en général, qu’ailleurs ?
Oui. C’est difficile quand tu commences mais dès que tu as ton premier job, tu peux être publié partout dans le monde et avoir une ascension fulgurante. Tout le monde vient à New-York pour y être publié.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait réussir dans le mannequinat ?
D’être soi-même. Ne pas copier les autres. Avoir confiance en soi. Ne pas se décourager. Tout est difficile jusqu’à ce que ça devienne facile. Et surtout, ne vous laissez pas manipuler.
Pensez-vous que le rêve americain est réel ?
Le rêve américain est réel et le seul moyen de le réaliser est de ne pas s’arrêter. Tu sais ce que tu vois mais tu ne sais pas qui te regarde. Il faut foncer !
Anadja
Crédit photo 1 : http://volantmagazine.de/2018/01/garcom-fashion/