Les Panthères de Wall Street

 

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Plus de 300 morts et 800 blessés, voilà les conséquences infligées, en 1921, par une foule d’envieux à l’une des communautés noires les plus riches d’Amérique. L’objectif de ce drame, sous couvert de la défense de la prétendue vertu d’une femme blanche, était de remettre à leurs « places » ces Noirs qui bouleversaient l’hégémonie d’extrême droite.

Rebaptisé « Black Wall Street », le 1er juin 1921, le quartier américain de Greenwood brula à la suite d’importantes émeutes raciales. Greenwood hébergeait une communauté afro-américaine prospère au nord de la vile de Tulsa dans l’état de l’Oklahoma. Les lois de Jim Crow légalisant la ségrégation joua en faveur des commerces et entreprises en comprimant la concurrence. Étant donné qu’il était prohibé pour un Noir de faire des achats dans une boutique tenue par des Blancs, ils dépensaient alors leur argent uniquement dans leur communauté. De cette manière, l’argent ne faisait que rentrer sans jamais en sortir. Il n’était également pas possible de se réaliser indépendamment de sa collectivité.

La population du quartier excédait les 100 000 demeurants. Cette zone abritait un vaste ensemble de services et d’entreprises : un système scolaire reconnu au niveau national, un hôpital, une bibliothèque, une trentaine d’épiceries, deux cinémas, des bijouteries pour n’en citer que quelques-uns. En prime, bien que l’état d’Oklahoma ne possédait que deux aéroports, six afro-américains étaient propriétaires de leurs propres avions privés ! Il existait une véritable solidarité vis-à-vis des habitants de Greenwood. Une cagnotte commune offrait une aide aux personnes les plus défavorisées.

La genèse du quartier était réfléchie et volontaire. En 1906, O.W. Gurley, un riche afro-américain propriétaire foncier d’Arkansas, emménagea à Tulsa et racheta 40 acres de terre. Il s’assura que ses parcelles soient uniquement vendues à des personnes de couleur. De surcroît, Gurley disposait de cet espace comme refuge aux victimes de la joug raciste du Mississippi.

 

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Le développement et enrichissement de Greenwood provoqua la jalousie des Blancs partout à Tulsa. Cette animosité se traduit par, entre autres, des licenciements arbitraires.

Mais qu’est-ce qui a déclenché l’émeute de Tulsa ?

Revenons un peu en arrière. Pour bien comprendre ce qui s’est passé ce fameux jour de juin 1921, il faut remonter à l’incident qui a eu lieu le 30 mai de cette même année. Le Tulsa Tribune rapporte le lendemain qu’un jeune homme noir de 19 ans du nom de Dick Rowland aurait agressé sexuellement une femme blanche de 17ans, Sarah Page.

L’article était accompagné d’un éditorial annonça un lynchage prévu pour le soir-même.

Ce soir-là, le palais de justice de la ville fut le témoin d’un attroupement d’une foule réunissant d’un côté des manifestants afro-américains et de l’autre des terroristes blancs. La tension était à son comble jusqu’à ce qu’un Noir, armé et chargé de protéger Rowland, entraîne la mort d’un agitateur blanc. C’était la goutte d’eau qui fit déborder le vase pour la foule blanche. Ne souhaitant pas entendre la fin du processus d’enquête, ces mêmes personnes blanches, pour la plupart des vétérans tout juste revenus de la première guerre mondiale, déclenchèrent deux jours de violence sans précédent.

Au mépris du fait que le massacre de Black Wall Street est le pire acte documenté commis à l’égard de la population afro-américaine des Etats-Unis depuis l’abolition de l’esclavage, cet évènement reste délibérément ignoré. En effet, pas un seul terroriste blanc ne fut inquiété par la justice. Suivant cette logique d’injustice, les miraculés de cette boucherie ne furent pas relogés et encore moins dédommagés.

 

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« Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ». La célèbre phrase prêtée à Churchill nous appelle à la vigilance. Les afro-américains de Greenwich étaient à la merci de l’hostilité raciale de leur temps. L’aspiration de ces Noirs à une amélioration socio-économique était perçue comme une menace contre la suprématie blanche. Cette page cachée dans le livre de l’Histoire, nous montre l’importance de la mise en commun des ressources, comme clef possible pour déverrouiller les portes qu’on nous dit fermées ou hors d’atteinte, afin de pouvoir écrire Notre happy ending.

 

Joan Nzanana.

 

 

Crédit photo 1 : http://maine-coon-and-friends.over-blog.com/2014/09/quelle-est-la-difference-entre-la-panthere-et-le-leopard.html

Crédit photo 2 : https://blackopinion.co.za/2016/04/14/buy-black-beware-of-white-supremacy-the-case-of-black-wall-street/

Crédit photo 3 : https://www.theringer.com/2018/6/28/17511818/black-wall-street-oklahoma-greenwood-destruction-tulsa

Sources : DENEEN L. Brown. We lived like we were Wall Street. The Washington Post [en ligne], octobre 2018, [consulté le 19 mars 2019]. Disponible sur https://www.washingtonpost.com/history/2018/10/11/we-lived-like-we-were-wall-street/?utm_term=.4104bb6367f

“O. W. Gurley : « The Visionary Builder  » “, sur http://blackwallstreet.org/owgurley, consulté le 20 mars 2019 à 20h06.
« L’ histoire de la prestigieuse Black Wall Street effacée de la carte des USA », sur https://agoraafricaine.info/2017/11/27/l-histoire-de-la-prestigieuse-black-wall-street-effacee-de-la-carte-des-usa/ , consulté le 17 mars 2019 à 16h17.

BRITANNICA, Tulsa race riot of 1921, https://www.britannica.com/event/Tulsa-race-riot-of-1921#ref1187431, consultée le 20 mars 2019.

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