Des artistes à la couleur d’ébène, on en connait des milliers ! Chanteuses, actrices, écrivaines, sportives de haut niveau, femmes politiques et bien d’autres… Mais connaissez-vous l’histoire de la toute première star noire de notre communauté ? Elle s’appelait Joséphine Baker… Enquête.
Le strip-tease, qui était à la base un art, n’est plus considéré comme tel aujourd’hui. Il fût néanmoins pendant plus d’un siècle une danse à part entière dont les couleurs et le parfum furent applaudis par la haute bourgeoisie, des artistes de renoms et d’importantes figures politiques. Fort heureusement, le Moulin Rouge, le Lido de Paris et le Crazy Horse présentent encore sur scène, 365 jours par an et depuis des décennies, les souvenirs de ces années folles. Au cœur de ces plumes et de ces paillettes se cache cependant une figure emblématique du Music-hall, une femme qui aura réussi à marquer l’Histoire.
Face à un public blanc, elle a osé jouer sa vie.
Face à un public blanc, elle aura fait de sa célébrité une arme contre l’injustice.
Face à un public blanc, elle aurait réussi à transformer la cruauté de la ségrégation en une danse mythique.
Née le 3 juin 1906, à Saint-Louis, aux Etats-Unis, elle connait une enfance monstrueuse marquée par des tragédies innommables et de nombreux abus. À 7 ans, sa maman l’envoie travailler chez les blancs et elle fût traitée comme une esclave. À 13 ans, elle fuit. Elle fuit pour survivre et pour essayer tant bien que mal de connaître un monde meilleur, elle quitte ainsi son état, le Missouri. À bord d’un vieux paquebot, elle décide de quitter ce monde qui haït sa couleur de peau et s’en va pour la France. Elle restera enfermée dans sa cabine, effrayée et seule durant tout le voyage.
Arrivée à Paris, elle intègre une troupe d’artiste, la « Revue Nègre » qui connait un succès inexistant : Joséphine Baker est alors perçue comme l’unique personne capable de sauver le spectacle. Ce soir-là, Paris accueille de nombreuses critiques, des artistes célèbres et quelques personnalités influentes et c’est un véritable triomphe !
Elle dansa pratiquement nue devant un public ébahi.
Elle bouleversa ainsi les codes et toutes les normes en inventant un style inédit.
Elle fût l’héroïne du renouveau artistique dont l’Europe avait besoin et surtout, l’incarnation de la « Vénus Noire ». Elle dansait la taille entourée de bananes, symbole par excellence du racisme pour faire passer des messages que nul n’aurait osé écrire.
Poiret l’a habillée, Hemingway a fréquenté son cabaret, Colette lui écrivit, et Picasso la nomma « la Néfertiti de son époque ».
Malgré les insultes, les injustices et les articles corrosifs de la presse, elle ne cessera jamais de danse. Joséphine Baker c’est aussi l’histoire d’une femme noire qui s’est investie pendant la Seconde Guerre Mondiale comme résistante pour faire face aux Nazis. C’est l’histoire d’une femme noire qui n’hésita pas à mettre sa vie en danger en s’engageant comme espionne pour la France Libre. Aussi, en insérant dans ses partitions musicales des plans d’installation allemandes dessinés à l’encre invisible, lorsqu’elle était en voyage à l’étranger.
Joséphine Baker était ainsi une battante avant de devenir une vedette ! Elle marcha aux côtés de Martin Luther King pour les droits civiques et elle reçut la légion d’honneur à la fin de sa carrière. Aujourd’hui donc, je décide de lui rendre hommage en rappelant succinctement la femme qu’elle a été ou devrais-je dire, la fierté qu’elle représente pour notre communauté.
« Joséphine Baker » de son vrai nom Freda Joséphine McDonald (1906-1975)
Mel Adra
Crédit image : https://quefaire.paris.fr/81271/josephine-baker-j-ai-deux-amours-mon-pays-et-paris
Sources :
- Rémy FUENTES « Histoire et légendes du Strip-Tease », Paris, La Musardine, 2008, p.56, 57 et 162.
- ARTE, documentaire « Joséphine Baker, première icône noire ».
- Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Jos%C3%A9phine_Baker.