« Gouvernement, où es-tu ? Gouvernement où es-tu ? Moi je pleure mes victimes. Je suis indigné ». Ces phrases marquent le début d’un reportage diffusé par la chaîne France24 en janvier 2020. Elles sont chantées par un groupe de jeunes congolais, réunis sur un champ sous lequel sont enterrées des victimes des atrocités commises dans la ville de Kisangani, située au Nord-Est de la République Démocratique du Congo. Ces paroles à la fois simples et percutantes reflètent la situation cauchemardesque vécue, depuis déjà trop longtemps, par les populations locales.
Les événements qui minent actuellement la partie Est de la RDC sont d’une cruauté sans nom. Ces meurtres à répétition durent depuis tellement d’années que nombreux sont ceux qui n’en connaissent même plus la véritable origine. D’une très grande complexité, la situation de crise subie à ce jour par les peuples vivant à l’Est de la RDC trouve sa source au temps de l’installation des rebelles Hutus dans cette région, chassés de leur Rwanda natal après y avoir provoqué un génocide entre avril et juillet 1994. Au cours de la Première Guerre du Congo, l’alliance de ces rebelles avec d’autres milices permettra à Laurent-Désiré Kabila de provoquer la chute du président Mobutu Sese Seko. S’en suivra une seconde guerre du Congo, qui regroupera neuf pays africains ainsi qu’une trentaine de groupes armés et dont l’un des objectifs est de contrôler les ressources naturelles du Kivu.
Même si ce conflit pris officiellement fin en juin 2003, des exactions envers les civils ont continué à être perpétrés. C’est ainsi que depuis près de 25 ans, terreur, instabilité et horreur sont devenus les maîtres-mots dominant la vie quotidienne de milliers de personnes. Jour après jour, des personnes pleurent la disparition de leurs proches en raison d’actes répugnants et barbares.
« Avant, j’étais une femme mariée et j’avais huit enfants. Un jour, des hommes armés sont entrés et ont tué mon mari et 7 de mes enfants (…). Le temps a passé, mais je n’arrivais pas à oublier. Je ne dormais plus, je n’avais plus faim, j’étais tout le temps triste… ». Ce témoignage recueilli par l’ONG Louvain Coopération, créée par l’Université Catholique de Louvain est triste, affligeant et émouvant, mais représente malheureusement une réalité ordinaire, éprouvée par un nombre immense d’habitants de l’Est de la RDC.
Pillages, meurtres, viols ou encore embrigadement d’enfants sont répétés jour après jour, semaines après semaines, années après années dans une quasi-indifférence des autorités publiques, qui peinent à prendre des décisions fermes et à défendre ceux dont ils ont le devoir et la responsabilité d’assurer la protection. De plus, malgré la présence de la MONUSCO [Ndlr : Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo], censée maintenir la paix dans la région depuis des décennies, rien ne semble avancer dans la bonne direction.
Le but de cet article n’est pas d’établir un exposé sur la situation géopolitique de la RDC, ni même de donner de quelconques leçons de morales. Il s’agit simplement de faire savoir, ou du moins de rappeler au plus grand nombre que présentement, une catastrophe humanitaire se déroule en RDC et qu’il est temps d’en parler plus fort qu’auparavant. Comme le disait Martin Luther King : « ce qui m’effraie ce n’est pas l’oppression des méchants, c’est l’indifférence des bons ». Même de façon modeste, chacun peut apporter sa pierre à l’édifice. A l’heure actuelle, dans le monde technologique au sein duquel nous vivons, chacun d’entre nous peut être amené à devenir son propre média. Il devient donc essentiel de propager l’information, de chercher et de partager des témoignages mais aussi de participer à des manifestations autant que possible.
Bien évidemment, la situation à l’Est de la RDC ne pourra véritablement se rétablir qu’à partir du moment où les pouvoirs publics manifesteront de leur bon sens et prendront enfin les choses au sérieux. Mais en attendant ce changement tant espéré, que tout un chacun n’hésite pas, à son humble niveau, à devenir le porte-voix de ces peuples privés de leur humanité.
Gladys MUSONGELA-NZEBA
Crédit image : http://new.lephareonline.net/nord-kivu-leffort-de-guerre-des-civils/
Sources :
https://www.france24.com/fr/afrique/20200124-guerres-en-rdc-les-ravages-de-l-impunit%C3%A9