En l’honneur du Black History Month, le Binakuko vous présente trois personnalités qui ont marqué l’Histoire à travers leur acharnement à défendre différentes causes impliquant la communauté afro-descendante. Ces personnalités sont porteuses de combats qui sont encore actuellement très prégnants.

William Edward Burghardt Du Bois est né le 23 février 1868 dans le Massachusetts, soit peu de temps après la guerre de sécession qui permit l’abolition de l’esclavage. Il étudia dans ce contexte au sein de l’école publique de Great Barrington, qui était principalement blanche. Plus tard, il étudia à l’université du Fisk, une université traditionnellement noire puis au Harvard College ainsi qu’à l’université Humbolt de Berlin. W.E.B. Du Bois obtint un doctorat en philosophie en 1895, et devint le premier Afro-Américain à en obtenir un. Il mena ensuite des études sociologiques, une première à l’époque, sur la communauté afro-américaine. Il aida à la création de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) et apporta son soutien au « Niagara Movement ». Ce dernier vit le jour à la suite du compromis d’Atlanta, une idée de Booker T. Washington qui attribuait aux Afro-Américains des droits moindres, tels qu’un droit à l’éducation très basique, afin d’évoluer économiquement. Néanmoins, en échange de ces droits, ils devaient cesser leurs efforts pour les droits civiques et contre la ségrégation afin d’être graduellement acceptés par la communauté blanche. Le « Niagara Movement » fut donc à l’origine de la NAACP, fondée en 1909, qui se battit pour l’obtention des droits civiques. W.E.B. Du Bois publia ensuite de nombreux écrits tels que « The Souls of Black Folk » en 1903, qui traite de la double identité noire et américaine des Afro-Américains mais aussi « Black Reconstruction in America » en 1935, qui insère les noirs dans l’histoire américaine dans laquelle ils ont été invisibilisés. Il continua à se battre pour la cause afro-américaine comme pour le panafricanisme qui fut très important pour lui. Il mourut à l’âge de 95 ans à Accra en 1963.
W.E.B Du Bois se battait pour la libération des Afro-Américains sans compromis et sans demi-mesure. Il consacra sa vie à cette lutte. L’actualité et l’Histoire des Etats-Unis prouvent que son combat est loin d’être fini aujourd’hui, près de 60 après sa mort.

En s’auto-définissant « noire, lesbienne, féministe, poétesse, mère, guerrière », Audre Lorde est une figure pionnière dans les questions d’intersectionnalité. Née à New York en 1934, elle subit et comprit très vite le racisme au travers de diverses expériences qui la marquèrent dès son plus jeune âge. La poésie et l’écriture rentrèrent très tôt dans sa vie, elle qui acheva son premier poème à 13 ans. Elle continua d’ailleurs à explorer cet art jusqu’à la fin de sa vie, la poésie étant pour elle une manière de s’exprimer et d’exprimer plus amplement ces différentes identités régissant sa vie. Elle entama des études de littérature qu’elle arrêta, entre autres, pour se rendre au Mexique. Ce séjour lui permit de définir son identité en tant que femme lesbienne et noire. Elle retourna aux Etats-Unis afin d’obtenir un bachelier en art et un master de bibliothécaire. Ensuite, elle écrivit beaucoup sur les différentes oppressions dont elle fut la victime : le racisme, le sexisme et l’homophobie. Pour elle, il était important de prendre la parole face à ces différentes oppressions car elle estimait que « nos silences ne nous protègeront pas ». D’une certaine manière, elle pensait que se taire représente une forme d’accord qui ne peut être contredite qu’à travers une prise de parole claire : se rendre visible et rendre visible les discriminations sont donc essentiels. Ainsi, elle tenta à travers ses écrits de mettre en lumière le lesbianisme dans la communauté noire ainsi que les femmes lesbiennes noires dans la communauté LGBTQ+. Cette double invisibilisation était à l’origine de la sur-affirmation de son identité en tant que femme noire, lesbienne et poétesse dans le but d’aller à contre-pied de cette non-visibilité. Elle vécut ses dernières années à Sainte Croix où elle écrit « Zami », son autobiographie, dans laquelle elle traita des difficultés liées à sa triple lutte incluant le fait d’être noire, femme et ouvertement lesbienne dans un environnement blanc. Elle mourut d’un cancer en 1992, âgée de 58 ans.
Audre Storme demeure une figure importante dont la pensée fut pionnière au sein de la communauté noire et LGBTQ+. Son combat reste tout autant actuel, les personnes noires de la communauté LGBTQ+ étant encore victimes d’horribles discriminations liées aux différentes composantes de leur identité.

Chimamanda Ngozi Adichie est une écrivaine Nigériane née le 15 septembre 1977. Elle grandit au Nigéria et entama le début de ses études à l’université du Nigéria. Elle se rendit ensuite aux Etats-Unis pour y effectuer des études de communication, de sciences politiques, et de création littéraire. Elle fut diplômée d’une maitrise en arts d’études africaines à l’université de Yale en 2008. En parallèle, elle écrivit beaucoup et publia des poèmes ainsi qu’une pièce de théâtre. Ses romans traitant de thématiques différentes liées au racisme et au féminisme, l’auteure offre aussi une perspective nigériane à travers ses écrits. Ses différents ouvrages « L’Hibiscus pourpre », « L’Autre Moitié », « Autour de ton cou », « Americanah », sont acclamés par les critiques. Elle s’est, naturellement, toujours considérée comme féministe et il a toujours été important pour elle que son message touche le plus de monde possible. Son TED talk « We Should All Be Feminists » a été applaudi dans le monde entier. Un extrait de ce discours a d’ailleurs été utilisé par Beyoncé dans son titre « Flawless ». Elle avouera cependant ne pas avoir été très enchantée à ce sujet car les demandes d’interviews reçues par la suite ne concernaient que Beyoncé. Néanmoins, elle finit par relativiser car ce fut un moyen de faire entendre son message et d’atteindre des personnes qu’elle n’aurait pas pu toucher initialement. Chimamanda Ngozi Adichie pense que le féminisme n’est pas uniquement le combat des principales concernées mais qu’il est aussi du devoir des hommes d’agir. Même si de nombreux progrès ont été fait depuis le début du 20ème siècle, la condition de la femme reste assez déplorable. Les femmes, partout, sont victimes de violences et d’injustices en tout genre, des plus subtiles au plus révoltantes, qui rythment toujours leur quotidien.
Ces trois personnalités, porteuses de combats différents mais complémentaires, ont vécu à des époques bien différentes les unes des autres. Néanmoins, leurs diverses luttes restent encore très tenantes. La complémentarité des combats de W.E.B. Du Bois, Audre Lorde et Chimamanda Ngozi Adichie est ainsi essentielle pour l’évolution de la communauté afro-descendante.
Leila KOUMAI
Crédits Images :
- Image 1 : https://fr.wikipedia.org/wiki/W._E._B._Du_Bois
- Image 2 : https://medium.com/2ojolao/the-spark-of-difference-32113512717b
- Image 3: https://www.theguardian.com/books/2020/nov/14/chimamanda-ngozi-adichie-america-under-trump-felt-like-a-personal-loss
Sources :
- https://www.britannica.com/biography/W-E-B-Du-Bois
- https://feminisminindia.com/2019/09/16/chimamanda-ngozi-adichie-feminist-activism-storytelling/
- https://www.theafricareport.com/27060/nigerias-chimamanda-ngozi-adichie-talks-colonialism-politics-and-pop-culture/
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Chimamanda_Ngozi_Adichie
- https://fr.wikipedia.org/wiki/Audre_Lorde
- https://brignews.com/2021/02/09/audre-lorde-black-lesbian-mother-warrior-poet/
- https://www.14streety.org/2020/06/08/a-month-of-our-lgbtq-heroes-audre-lorde-poet-and-author/
- http://roarnews.co.uk/2020/pride-in-audre-lorde-the-feminist-and-lgbtq-icon/