Arilson Lunsadisa, le président de tous les défis

Surnommé par ses proches « Ari » ou encore « Mopao » (président ou chef en lingala), Arilson Lunsadisa est parvenu à faire vivre le Binabi au cours d’une année particulière. Étudiant de 24 ans en 1ère année de Master en Communication Marketing et Corporate, plutôt discret lors de son arrivée en tant que membre du cercle, il parvint à s’y faire une véritable place, devenant tour à tour RH du département culture, responsable du département communication et enfin président. Exemple d’une véritable évolution, aussi bien sur le plan académique que personnel, Arilson a accepté de revenir en long et en large sur son parcours ainsi que sur cette année bien spéciale.

Pourquoi as-tu choisi d’endosser le rôle de président et quelles sont les éléments t’ayant motivé à présenter ta candidature ?

Le Binabi m’a avant tout beaucoup apporté au niveau personnel. Quand je suis arrivé en 2016, j’étais très timide et j’y ai donc appris à sociabiliser plus facilement, ce qui m’a permis d’accéder au rôle de RH, où c’était cette fois à mon tour d’intégrer les membres. Je me suis ensuite senti de plus en plus l’aise et l’année d’après, j’ai pu devenir responsable du département communication, ce qui m’a permis de vraiment pratiquer ce que j’étudiais. Il faut savoir que je n’ai jamais autant appris qu’au sein du Binabi en organisant la communication de nos grands évènements. J’ai aussi appris à gérer un groupe et les différentes personnalités d’un département qui était très grand. Même si c’était parfois stressant, gérer ce département était un vrai travail d’équipe et c’est ce genre de challenge qui m’a fait réaliser à quel point le Binabi m’a beaucoup apporté. Le cercle m’a aussi permis d’avoir un esprit plus critique face à toutes ces choses qui nous concernent et tous ces enjeux qui nous touchent en tant qu’Afro-descendants. Toutes ces raisons m’ont motivé à me présenter, ainsi que mes camarades qui ont vu mon parcours, m’ont poussé vers le haut et m’ont toujours donné confiance en moi, chose que je n’avais pas forcément à l’époque. D’ailleurs, quand j’ai présenté le Gala en 2018, je n’étais pas du tout une personne qui pouvait présenter un évènement devant autant de monde, c’est donc la preuve que le cercle m’a procuré cette confiance.

Quels sont les aspects positifs et négatifs liés au fait d’être président d’un cercle afro-descendant ?

L’aspect positif principal est que tu supervises, ce qui m’a appris à déléguer, chose que j’avais plus de mal à faire en tant que responsable communication. J’ai travaillé avec une équipe, mon comité, qui était super. On se soutenait les uns les autres avec une grande bienveillance, ce qui m’était très important, car même quand il y avait des désaccords, ils étaient toujours réglés de manière saine et ça m’a vraiment aidé. Un autre aspect positif de cette année est que malgré les conditions difficiles, nous sommes parvenus à toujours nous adapter, à voir les membres satisfaits ou encore ceux du comité contents du résultat de ce qu’ils ont organisé. Un dernier point positif, qui m’est plus personnel, est que j’étais une personne très stressée et vite paniquée. Alors que maintenant, je prends les choses avec beaucoup plus de recul, me disant simplement que « the show must go on ». Un aspect négatif serait peut-être que le cercle grandit de plus en plus, ce qui n’est pas toujours facile à gérer. On essaie de rester diplomates mais il peut arriver qu’on ait l’impression d’être incompris. Mais en endossant ce rôle, on sait aussi à quoi s’attendre donc on essaie de gérer les choses de la façon la plus diplomatique possible. Mais être président d’un cercle afro-descendant reste une expérience que j’ai kiffé par-dessus tout. Motiver des gens et ensemble, se fortifier, apprendre et s’éveiller, ce sont des choses qui me font extrêmement plaisir.

De quelle(s) façon(s) le fait de faire partie de ce cercle a pu t’influencer à titre personnel ?

Le cercle m’a influencé à plusieurs niveaux. D’abord au niveau des études, j’ai pu pratiquer la communication comme jamais auparavant alors que dans mes cours, tout est principalement théorique. Au niveau de mes amis, ceux que j’ai rencontré au sein du/grâce au Binabi sont ceux que je compte garder pour le reste de ma vie. Ce sont eux qui m’ont encouragé et qui ont cru en moi là où je n’avais pas confiance en moi-même. Que ce soit pour présenter le Gala ou assumer mes différentes fonctions, sans cet environnement bienveillant présent pour m’entourer et voir mes capacités, je n’aurais pas pu faire tout cela. Il y a aussi les alumnis, ces anciens du Binabi, grâce à qui j’ai une représentation de gens qui réussissent dans notre communauté et qui me motivent. Ils ont des parcours plus ou moins similaires au mien et me montrent que la réussite est aussi pour nous. La représentation que nous voyons est souvent lointaine alors qu’avec les alumnis, il y a une certaine proximité, ils sont accessibles et donnent beaucoup de conseils. Ils sont en quelque sorte ces grands frères et grandes sœurs que je n’ai pas eu, qui veulent me/nous voir réussir grâce à cette structure bienveillante qui est vraiment là pour nous. À titre personnel, le Binabi m’a conscientisé sur énormément de sujets. Par exemple, lors du premier café littéraire auquel j’ai assisté, je découvrais qu’en Belgique il n’était pas obligatoire d’apprendre l’histoire de la colonisation dans toutes les écoles (même si dans mon école j’ai pu l’apprendre). Il y ainsi plein de choses que j’ai découvertes grâce au cercle, que ce soit sur mon histoire ou encore sur moi-même.

Cette année 2020-2021 a été très particulière : comment es-tu parvenu parvenu à maintenir le cercle en vie malgré les circonstances ?

Je n’ai rien fait seul : mon formidable comité ainsi que nos RH ont tous fait un travail du tonnerre. Au cours de notre toute première réunion, j’ai fait savoir que nous allions cette année devoir être créatifs. Au contraire de l’année dernière où la crise sanitaire nous est tombée dessus, nous savions déjà cette année qu’il y avait un risque que tout se passe en distanciel et qu’il fallait malgré tout continuer à faire vivre le cercle. Avant que le confinement ne soit établi, nous avons pu organiser en présentiel notre drink de rentrée ainsi que notre soirée Binatégration. On était super heureux de voir que 260 membres s’étaient inscrits, ce qui était un record. Il y a ensuite eu diverses collaborations, comme par exemple la conférence en ligne « Diversity in Finance » avec l’organisation Capitant Brussels. Ensuite, un premier souci est arrivé lors de l’organisation de notre propre première conférence, concernant les langues africaines comme marqueurs d’identité culturelle et qui me tenait vraiment à cœur. L’évènement a d’abord été lancé en présentiel à l’ULB, ce qui a ensuite dû être annulé. Nous sommes donc parvenus à trouver un local externe, le Café Congo, mais les mesures sanitaires n’ont pas rendu possible la tenue de cet évènement en présentiel. Finalement, l’évènement s’est déroulé de façon virtuelle et a réuni environ 80 personnes. Ce premier succès a donc démontré qu’il y avait un intérêt pour ce sujet et pour nos conférences. Paradoxalement, la crise sanitaire nous a permis d’organiser plus d’évènements culturels là où les années précédentes, la Binabi Cup et le Gala prenant beaucoup de temps à organiser, il n’était pas possible d’avoir autant d’autres évènements culturels. Même en interne, nous avons été très créatifs. Nous savions que nous n’aurions pas accès à notre local cette année, qui est l’endroit phare où l’on arrive à intégrer les membres. On a donc créé le concept du « local virtuel », qui avait lieu au moins une fois par semaine et qui a duré jusqu’au mois de mai, ce qui prouve que ça a plu. Il y a aussi eu les Binapalabres, les Meet you, les cours de langues africaines, les Binasorties quand les mesures sanitaires sont devenues moins sévères… Nous avons essayé d’organiser des activités aussi bien pour le public que pour nos membres, ce qui prouvait qu’on ne faisait pas n’importe quoi. Je me suis parfois posé la question : est-ce qu’on en fait assez ? Mais quand je vois tout ce qu’on a réalisé en interne pour essayer d’intégrer les membres, ce qui est très difficile en distanciel derrière un écran, je suis vraiment fier du comité et des RH qui ont fourni un travail énorme. On passait d’un plan A vers un plan B puis un plan C, mais on a toujours réussi à faire vivre le cercle. Les gens étaient présents à tous nos évènements, donc c’est une véritable fierté.

Pour revenir sur ce que tu viens de dire, durant ton mandat, qu’est-ce qui t’a donc rendu particulièrement fier de faire partie de ce cercle ?

Mon comité m’a rendu fier. Je suis reconnaissant pour tout le travail qu’ils ont accompli car dans les moments les plus bas comme les plus hauts, personne ne m’a lâché, ils ont été présents du début à la fin et je suis fier de chacun d’entre eux. Tout le monde ne s’en rend pas compte mais ce n’est pas facile de gérer comité, études et vie personnelle mais ils ont été là à chaque moment. J’ai aussi mon caractère et ils ont su me comprendre, j’espère donc que j’ai aussi fait ma part à ce niveau-là. Il n’y a vraiment pas eu de conflit, à tel point que si je le devais, je reprendrais exactement le même comité. Ce qui m’a aussi rendu fier, ce sont nos différents évènements. La conférence portant sur les langues africaines est la première à laquelle j’ai pensé quand je me suis présenté, car j’ai remarqué qu’il y avait une vraie demande. J’ai eu la chance de grandir avec le lingala et là où petit j’étais complexé, où j’avais honte de le parler, je me rends compte qu’aujourd’hui les gens veulent apprendre, raison pour laquelle il était très important pour moi de partager cet évènement. J’étais très fier de son succès. La conférence sur la santé mentale m’a aussi beaucoup touché, marqué et fait réfléchir car c’est un sujet qui est peu traité dans nos communautés. Le jeu « Questions pour un Binabien » m’a aussi beaucoup plu cette année. Cet évènement a d’habitude lieu en présentiel où ça bouge et où il y a pas mal d’ambiance. Nous nous sommes demandés comment on allait pouvoir le gérer et au final, j’ai eu autant de plaisir à y assister en distanciel qu’en live car il y avait beaucoup de membres (c’est d’ailleurs un des évènements qui a eu le plus de succès) et on sentait vraiment que ceux qui y assistaient pour la première fois en comprenaient la « vibe » :  ça se vannait, on rigolait entre nous et j’ai vraiment ressenti cet esprit familial qui m’a fait tant aimer le Binabi. Il y plein d’autres choses que j’oublie sûrement mais je suis tellement fier de tout ce qui a été accompli cette année et des retours positifs. Parfois, je recevais des remarques du style « le Binabi existe encore ? vous faites quoi ? » et il suffit juste de regarder ce qui a été fait [NDLR : nos évènements sont disponibles sur notre chaine Youtube BinabiTV] et de demander aux membres présents pour tout trouver. À partir du moment où les membres ou ceux qui ont assisté aux évènements sont satisfaits, je ne peux que l’être aussi.

Quelle serais ta vision quant à l’avenir du Binabi ?

Un cercle qui garde ses valeurs mais qui évolue en même temps, un cercle qui permettrait d’avoir encore des membres de parcours/domaines différents, avec une envie de faire évoluer nos communautés, de se conscientiser et de s’éveiller sur les enjeux qui nous touchent. Je vois aussi un cercle qui continue à construire ce réseau qui va pouvoir nous aider dans le futur, qu’on puisse être là les uns pour les autres comme une grande famille, ce que je ressens déjà quand je vois les alumnis. Je me suis vraiment rendu compte cette année que lorsqu’on est au sein du Binabi, on prend parfois pour acquis tout ce qui est déjà construit au sein du cercle sans se rendre compte à quel point c’est énorme. Par exemple, pour moi, la majorité des jobs étudiants que j’ai eu dans ma vie, c’est grâce au cercle et ce n’est pas rien. J’ai aussi eu, grâce au cercle, énormément d’opportunités dans d’autres domaines. Ça apporte donc au niveau personnel mais aussi professionnel, ce qui est très motivant et j’espère que tout le monde pourra profiter de ces avantages et de ces soft skills qu’on développe grâce au cercle. J’aimerais vraiment que le cercle continue à être dans cette bienveillance tout en grandissant.

Un dernier conseil pour la personne qui sera amenée à te succéder ?

On peut dire que tu n’as pas les épaules pour, que le costume n’est pas taillé pour toi, que tu n’es pas charismatique mais il ne faut pas se fier à ça. Il faut construire ta confiance en toi et même si ce n’est pas dans ta nature, c’est le moment de prendre les rennes de ta vie et c’est déjà une première étape. Aucune personne, en prenant ce rôle, n’avait le costume taillé pour lui. Mais tu t’adaptes au costume et tu gères avec ta personnalité. En étant président, tu continues à grandir en même temps que ton comité, tes RH et tes membres. Tu n’es au-dessus de personne et il faut juste rester la personne que tu es, en essayant d’apporter aux autres ce que le Binabi t’a apporté. Il faut aussi accepter la critique, ça fait partie du jeu. Faire des erreurs, ce n’est pas grave, c’est comme ça qu’on apprend et ça te servira plus tard de leçon sur les choses à ne plus répéter. Profite du moment, soit à l’écoute de tes membres, de ton comité et c’est à peu près tout !

Gladys MUSONGELA-NZEBA

Une réflexion sur “Arilson Lunsadisa, le président de tous les défis

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