Diffusée sur HBO, la série Insecure suit le parcours de 4 femmes noires aux caractères complexes. Elles tenteront de surmonter les différents aspects de leur vie, tout en faisant face aux responsabilités qu’incombent la vie d’adulte et son lot d’expériences parfois enrichissantes, inconfortables, mais toujours drôles.
Avant de commencer toute chose, je me dois de vous annoncer clairement mes intentions : cet article est éperdument biaisé. Dis-moi ce que tu regardes et je te dirai qui tu es ? La beauté est subjective, le bon goût l’est aussi par définition. Et si nous ne devons pas réduire les hommes à leurs préférences, il y a des points où la nature humaine est concomitante et où les hommes s’unissent sur la même conclusion. Ceci n’est plus un débat, Games of Thrones a loupé son final, ce qui a provoqué la colère de ses fans, qui réclamaient une fin alternative pour contrer au fiasco de la fin de la série.
Mais comment bien terminer une série ?
La chute, c’est ce qui définit la beauté, l’ingéniosité d’un récit. C’est ce qui va nous marquer, distinguer un projet de tout autre. Et c’est important de ne pas se louper, on a qu’une seule chance pour faire une bonne dernière impression. Une fin de série se prépare dès son commencement, il ne faut pas qu’elle soit ressentie comme bâclée par les téléspectateurs. C’est un adieu langoureux, on se quitte avec amour en ne rejetant la faute sur personne. On ne ghoste pas, on assume toutes les commodités de la rupture. Exit, les facilités scénaristiques, les bonds dans le temps, les deus ex machinas, on veut du concret.
Par quoi commencer ; le rythme, la bande originale, la mise en scène, les dialogues ?
Strong black lead
La trame narrative de la femme noire forte et indépendante a été créée par les femmes noires elles-mêmes, pour contrer le storytelling réducteur de l’époque, représentant les femmes noires d’abord comme servantes, nounous et par la suite croqueuse d’hommes.
Ce storytelling était à priori positif puisqu’ils permettaient de voir des femmes noires réussir, exceller. La popularité de ses films montre également comment le « grand public » préfère voir les femmes noires : comme des figures inspirantes, surnaturellement fortes, capables d’endurer des souffrances extrêmes et de s’en sortir malgré tout.
Mais la persistance de ce schéma narratif – et par conséquent, son succès – est dû au fait qu’il est constamment repris par des réalisateurs blancs et de surcroît masculins. Et l’une des conséquences essentielles de cette trame narratif, est le fardeau que représente pour les femmes noires le fait de devoir prouver cette force surhumaine, tant à l’écran que dans la vie de tous les jours.
Ce que j’admire particulièrement dans la narration d’Issa, ce sont ces portraits écornés de la femme noire. On rompt diamétralement avec les rôles que nous attendons d’elle. Issa Dee, héroïne de la série, à ne pas confondre avec Issa Rae a fait des choix douteux tout au long de la série. Elle est sérieusement perdue et, comme le prélude la série, « insecure » (ce qui signifie « pas sûr.e de soi ») dans tous les aspects de son existence. Et je dirais que, comme nous tous, elle essaye de naviguer – non sans grâce – dans ce prisme complexe qu’est la vie. On la voit grandir, s’assumer au fil des saisons, se tromper et tromper non sans regrets. La série explore certains sujets difficiles – comme l’invisibilité des femmes noires, les relations mixtes, le passage à l’âge adulte – et elle parvient à le faire sans lasser les téléspectateurs par la complexité de ces sujets. J’étais triste à l’idée de voir ce chef d’œuvre se terminer, mais dans la vie, il faut savoir reconnaître quand un travail, une étape de la vie prend fin et accepter la suite avec contentement et légèreté.
Merci Issa Rae pour ces moments de joies, rires, pleures
#team Laurence
Adrienne Mbomy