Le Burkina Faso défraie la chronique depuis ces derniers mois pour de malheureuses raisons. Le pays est en proie au terrorisme depuis des années et en ce 23 janvier 2022, l’Etat du Burkina Faso a été le théâtre d’un putsch de l’armée dirigée par le lieutenant-colonel Paul Henri Daogo Damida. Mais un second acte eut lieu ce 30 septembre 2022 lorsqu’un nouveau coup d’état fut mené par le capitaine Ibrahim Traoré qui écarta le précédent lieutenant-colonel. Ce second putsch était motivé par l’incapacité de Paul Henri Daogo Damida à pacifier les zones du nord du pays.
Djibo
Djibo est une ville se trouvant au nord du Burkina Faso, proche de la frontière malienne. Elle est majoritairement composée de peuls alors que les mossi sont le principal groupe ethnique du pays dont ils composent 56% de la population. La ville était connue dans toute la région pour son marché au bétail. Djibo est aussi réputée pour être le berceau du djihadisme au Burkina Faso.
Cette ville, qui est également un département, comptait environ 61 000 habitants en 2019. Néanmoins, la population de Djibo connut un accroissement spectaculaire depuis en raison de famines prenant place dans les villages environnant. Cela donna lieu à une migration importante depuis ces villages jusqu’à la ville : on parle ici d’une population de plus de 200 000 habitants.

Blocus
Que se passe-t-il à Djibo ? La ville est assiégée par les djihadistes du Groupe de
soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM) et subit un blocus depuis environ 9 mois, soit février 2022.
Ce blocus se manifeste à plusieurs niveaux. Est notamment concerné l’approvisionnement de marchandises, dont des produits de première nécessité, qui sont devenus des cibles pour les groupes djihadistes en raison de leur transport en convois longs de plusieurs kilomètres, malgré la protection fournie par l’armée. Il y a notamment eu l’attaque de Gaskindé le 26 septembre 2022, visant un convoi de ravitaillement rempli de vivre vers Djibo, qui fit au moins 37 morts et 29 blessés.
On considère cette attaque comme un des éléments déclencheurs du coup d’Etat
de septembre 2022.
Le blocus rend si difficile l’accès aux denrées que les habitants de Djibo se nourrissent désormais de feuilles. Des cas d’enfants morts de faim ont également été recensés à Djibo.
Ce n’est pas tout, il y a d’autres problèmes liés au blocus. Les djihadistes du JNIM auraient détruit des infrastructures liées aux télécommunications, des réservoirs d’eau, des puits, et d’autres infrastructures liées à l’eau ou à l’énergie.

Qu’est-ce que le JNIM ?
Aussi connu sous le nom de GISM (Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans), le JNIM est un groupe djihadiste sévissant au Burkina Faso, au Mali et au Niger, ayant porté allégeance à Al-Qaïda et à l’AQMI.
Le groupe a été fondé en 2017.
Le JNIM est l’organisation contrôlant actuellement Djibo et maintenant le blocus. Ils
ont plusieurs revendications telles que : le droit de pouvoir se ravitailler dans la ville
sans risquer d’être attaqué par les civils, la fin de la transmission et des communications des locaux avec l’armée ou le gouvernement et une dîme de la part des commerçants des marchés locaux. Pour tenter de mettre fin à la situation, ou au moins de l’apaiser, des discussions ont été menées entre l’Emir de Djibo et Jafar Dicko, un des principaux djihadistes du Burkina Faso.

Conclusion
En conclusion, la situation à Djibo est plus que compliquée et c’est probablement un des enjeux majeurs pour Ibrahim Traoré, le nouveau chef d’Etat du Burkina Faso.
Ce qui se passe à Djibo est lié à un contexte particulier qui dépasse le Burkina Faso. La situation actuelle est liée à la conjoncture géopolitique de la région du Sahel où les groupes terroristes djihadistes sont ancrés depuis quelques années.
Thomas