La binationalité

Le lundi 19 septembre 2022, des milliers d’étudiants reprennent le chemin des amphithéâtres. Parmi eux on retrouve des belges, des français, des luxembourgeois ou même encore des italiens. Tout ceci grâce à l’existence de l’Espace Schengen, qui permet entre autres la libre circulation des personnes entre les États le constituant. Un individu de nationalité européenne pourra donc facilement se déplacer, travailler ou étudier dans des pays frontaliers au sien (en dehors des pays non-membres de l’union européenne et de la Croatie, l’Irlande, la Roumanie, la Bulgarie et le Chypre). Nous, ressortissants, africains ne pouvons pas profiter de ce droit au vu de nos origines géographiques. Pour y parvenir, il faudra au préalable obtenir une nationalité européenne et donc développer ou non une binationalité.

Qu’est-ce que la binationalité ?

Comme son nom l’indique, la binationalité est le fait de posséder deux nationalités. On peut obtenir deux nationalités de plusieurs manières. Elles peuvent être des nationalités d’origine, c’est-à-dire obtenues dès la naissance en fonction du lieu de naissance. Les parents donnent aussi leur nationalité aux enfants, c’est la filiation. Dans des circonstances idéales, un nouveau-né issu de parents d’origines ethniques différentes portera les deux nationalités. Enfin, la binationalité peut aussi découler de l’acquisition d’une nouvelle nationalité. Cette dernière sera acquise après une demande administrative. Demande pouvant faire suite à un mariage ou une certaine durée passée sur le territoire. Il s’ensuivra alors une suite de tests pour prouver son appartenance au pays. Ces tests peuvent être la récitation de l’hymne nationale ou encore la démonstration de la maitrise de la langue nationale du pays. Á la suite de ce processus, un individu sera reconnu comme citoyen de l’État.

Pouvons-nous tous avoir deux nationalités ?

Voici une carte qui illustre les avis des différents États africains quant à la question de la binationalité. Bien que la plupart des pays sont pour l’obtention d’une double nationalité avec plus ou moins des contraintes, trois restent hermétiques sur le sujet (le Cameroun, La République Démocratique du Congo et la Guinée Équatoriale). Cette situation est assez exceptionnelle, surtout pour le Cameroun et le Congo, où l’on sait que beaucoup de leurs habitants émigrent en France ou en Belgique.

Que faire si nous sommes citoyens d’un des trois pays cités auparavant mais avons la possibilité de devenir européen ?

Il va falloir faire un choix entre notre nationalité d’origine et la nationalité nouvellement acquise. Le choix se portera la plupart du temps pour la nationalité européenne de par l’utilité de son passeport et la nationalité d’origine sera donc perdue. Toutefois, ce choix amène à se poser une question : si légalement la nationalité est perdue, l’est-elle vraiment ? Une nationalité se résume-t-elle seulement à un bout de papier ? Pour ma part non. Il faut différencier le fait d’avoir une nationalité du fait d’avoir un sentiment d’appartenance à une nation. L’un n’implique pas l’autre et les deux sont très différents. Je pense que le sentiment d’appartenance est le plus important. Sans lui, il est très compliqué d’être fier de ses origines ou encore de les défendre. Obtenir une nationalité sans sentiment d’appartenance envers ce dernier est dénué de sens ? Hormis du point de vue juridique.

Quid des sportifs ?

Les journalistes qualifient certains sportifs de franco-camerounais ou de belgo-congolais. Ces termes peuvent s’apparenter à des abus de langages mais laissent quand même transparaitre que pour les sportifs la binationalité existe dans ces trois pays. Comment se fait-il qu’un footballeur ayant choisi de représenter la France à sa majorité puisse décider de devenir camerounais à ses 25 ans alors qu’il était censé avoir perdu ce droit ? Pourquoi interdire la binationalité si certains sont exemptés ? Si un étudiant africain rejoint l’Europe pour poursuivre sa formation mais se trouve confronter à ce choix il va se tourner vers l’Europe. Combien de personnes sont dans la même situation chaque année ? Procéder de cette manière favorise la fuite des cerveaux et c’est fort regrettable.

La binationalité est un terme simple mais qui peut devenir compliqué dans certains cas. Un terme dont les règles sont respectées par certains et outrepassées par d’autres, notamment les athlètes. En parlant d’athlètes, choisissent-ils la nation qu’ils représenteront en fonction de son prestige ou est-ce un choix de cœur ? Les facteurs autres que sportifs sont-ils négligeables ? Est-ce vraiment illogique de voir un athlète privilégier l’Europe à l’Afrique ? Autant de questions sans réponses pour l’instant mais encore à débattre. Ce sera pour une prochaine fois.

Gaetan

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